
Dans un monde où les technologies numériques dominent nos communications professionnelles, l'hyperconnectivité est devenue une norme implicite qui bouleverse l'équilibre travail/vie personnelle et familiale. Dans cet article, Laurie Michel, fondatrice de Vivala Offline, vous partage son expertise et quelques pistes d’actions en matière de déconnexion.
L’hyperconnectivité : entre nécessité et surcharge
La technologie a envahi nos vies à une vitesse fulgurante, transformant notre manière de travailler, d’interagir et de nous reposer. Laurie Michel de Vivala Offline définit ce concept comme « une utilisation excessive des technologies et des outils numériques, souvent au détriment de notre bien-être personnel ». L'exemple d'une personne connectée partout et tout le temps, que ce soit dans son bain, au parc, au travail ou même en réunion, illustre cette intrusion constante de la technologie dans nos moments de repos et de déconnexion.
Cette omniprésence des outils numériques crée une pression sociale où l'on se sent obligé-e d'être constamment disponible et réactif, que ce soit pour répondre à un courriel, à un message ou à une notification. Le temps de repos est contaminé par cette connectivité, engendrant stress et anxiété.
Pourquoi s'intéresser à l'hyperconnectivité?
Selon un sondage réalisé en juin 2024 par Vivala, 40% des employé-e-s signalent des enjeux de fatigue mentale liés à leur connectivité permanente. Cette surcharge numérique affecte non seulement la santé mentale des travailleurs-euses, mais impacte également la productivité et la qualité de vie organisationnelle.
Parmi les enjeux régulièrement cités, notons également la difficulté à séparer la vie professionnelle de la vie personnelle, notamment lorsque les mêmes canaux de communication (comme Messenger) sont utilisés pour les deux. Cette fusion des mondes crée une confusion dans les attentes, avec des réponses souvent attendues en temps réel, même lorsqu'on n'a ni l'énergie ni le temps pour cela.
Le phénomène d'instantanéité est également évoqué. Les informations arrivent à tout moment de la journée. À cela s’ajoute l’usage des ordinateurs et téléphones pendant les réunions d’équipe, même lorsque cela ne serait pas nécessaire. Cela engendre des distractions, réduisant l’attention et l’engagement dans les discussions.
L'usage massif des technologies concerne à la fois les travailleurs-euses de bureau, qui vivent des enjeux de surcharge informationnelle et de demandes instantanées, mais aussi les travailleurs-euses de production, qui eux/elles en seront affecté-e-s différemment (ex. perte de concentration régulière, blessures liées à la distraction des écrans, etc.). Chaque individu a une capacité différente à gérer l'information, ce qui rend essentiel le respect des rythmes et des limites de chacun-e.
Pour les gestionnaires et employeurs, l’enjeu est clair : comment promouvoir un environnement de travail qui respecte la santé globale des employé-e-s tout en tirant profit des avantages du numérique ?
Bien-être numérique : une responsabilité partagée
Laurie Michel de Vivala Offline propose de distinguer 3 dimensions du bien-être numérique :
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Individuel : il s’agit des habitudes personnelles des employé-e-s pour gérer leur relation avec les outils numériques (par exemple, limiter les notifications ou planifier des pauses déconnectées). Chaque personne crée son propre profil numérique, en fonction de ses goûts et de ses habitudes. Cela impacte ses relations sociales et ses interactions au travail, influençant la manière dont elle gère son temps et ses limites.
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Organisationnel : cette dimension s’adresse aux entreprises qui doivent mettre en place des politiques concrètes pour protéger leurs équipes contre l’hyperconnectivité et favoriser la déconnexion. Dans les entreprises, trois enjeux majeurs se dégagent :
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Le technostress, lié à la multiplication et à la mauvaise gestion des outils de communication.
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L'accessibilité constante, qui empêche de poser des limites et génère de la culpabilité chez ceux qui cherchent à se déconnecter.
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L’infobésité, cette masse d’informations parfois inutiles, qui rend difficile la gestion des priorités.
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Sociétal : cette dimension renvoie plus généralement à ces règles implicites qui imposent une disponibilité constante, l’urgence des réponses, et un sentiment de performance continue. Cette norme est exacerbée par la pression de réussite et d'expertise, où l’on attend de nous que nous soyons toujours connecté-e-s pour être efficaces et performant-e-s.
Les effets négatifs de l’hyperconnectivité sur la santé
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La sédentarité et la rigidité corporelle dues à des heures prolongées passées devant un écran.
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La fatigue oculaire, un phénomène devenu courant avec l'utilisation excessive des écrans.
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Le stress et l’anxiété générés par la pression de répondre en temps réel, ainsi que la baisse de la productivité.
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La fatigue mentale, associée à la surcharge d'informations et à la perte de concentration.
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La réduction des relations sociales authentiques et une dépendance accrue aux outils numériques.
Des études montrent qu’un-e adulte passe en moyenne 7 heures par jour devant un écran, dont 4 heures sur son téléphone mobile. Une perte de 56 minutes de productivité par jour est directement liée aux micro-connexions, ces interruptions fréquentes que l'on subit à travers les notifications. La procrastination numérique et la culture du sans repos sont également des phénomènes de plus en plus répandus.
Évaluer le bien-être numérique dans votre organisation
Pour amorcer une réflexion sur la place du numérique dans votre organisation, Vivala propose un quiz évaluatif en quatre questions clé :
Répondez à ce quiz pour identifier les actions prioritaires à mettre en place dans votre organisation.
Pistes d’actions concrètes pour les employeurs
Voici quelques suggestions pour agir efficacement :
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Instaurer des politiques claires de déconnexion
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Préciser les heures durant lesquelles les employé-e-s ne sont pas tenu-e-s d’être disponibles.
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Encourager les gestionnaires à donner l’exemple en respectant ces limites.
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Former les équipes à la gestion du temps numérique
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Proposer des ateliers sur la gestion des notifications et l’organisation du temps de travail.
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Sensibiliser aux conséquences de l’hyperconnectivité (fatigue mentale, baisse de concentration).
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Encourager des pauses régulières
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Mettre en place des périodes de travail à concentration maximale suivies de courtes pauses (ex. technique Pomodoro).
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Valoriser la culture de la déconnexion
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Créer un environnement où les employé-e-s se sentent libres de se déconnecter sans culpabilité
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Intégrer la question de la déconnexion dans les bilans de performance et les rencontres d'équipe.
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Ces stratégies visent à réduire la pression numérique, à améliorer la gestion des informations et à favoriser le bien-être individuel et collectif.
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Agir pour un avenir plus sain
Si la technologie est un outil précieux dans nos vies professionnelles, elle ne doit pas prendre le dessus sur notre bien-être. En instaurant des limites claires, en prenant des pauses régulières et en cultivant des relations humaines authentiques, il est possible de réduire l'impact négatif de l’hyperconnectivité et de favoriser un environnement de travail plus sain et plus productif.
De plus, l’hyperconnectivité n’est pas une fatalité. En tant que gestionnaires et employeurs, vous jouez un rôle déterminant pour préserver le bien-être de vos équipes tout en favorisant leur productivité. Mesurez dès aujourd’hui votre niveau de bien-être numérique grâce au quiz Vivala et identifiez les actions prioritaires à mettre en place.
À vous de jouer pour faire de votre organisation un modèle de bien-être numérique !
Ressources :
- La folie des réunions de travail, avec Sonia Lupien - Radio-Canada
- Livre blanc Vivala - pour avoir des chiffres à l'appui
- Dopamine Nation (Lecture)
- Podcast Happy Fitness: épisode sur la dopamine (incluant le sevrage aux médias sociaux)
- How to Give Your Brain the Stimulation It Needs (YouTube)
- Le bien-être numerique pour lutter contre l'hyperconnectivité